C’était dans la matinée du 24 avril 2016 que la nouvelle de la mort de papa Wemba s’est propagée. Alors qu’il se produisait sur la scène du festival des musiques urbaines d’Anoumabo, au cœur de la nuit abidjanaise du 23 avril 2016, la légende de la musique africaine, victime d’un malaise, s’écroula soudainement sur le podium. Il décéda par la suite dans un hôpital d’Abidjan où il était acheminé.
Une nouvelle que les mélomanes avaient du mal à croire, mais très vite l’info a été confirmée et la consternation a pris place dans le monde musical. Déjà en octobre 2014, le chanteur surnommé le « roi de la rumba congolaise confiait à RFI Musiques :« J’ai toujours défini ma carrière en disant que je vais là où le métier m’appelle. Mais il faut que ce soit fait dans de très bonnes conditions. Donc, je suis allé très souvent en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Congo-Brazzaville, en Afrique du Sud… Ça fait plus de quarante ans que je suis sur scène, et je dis merci au Bon Dieu de m’avoir donné ce talent avec lequel j’ai traversé presque tous les océans ».
En ce cinquième anniversaire de sa disparition, des groupes de musique vont se produire à Abidjan comme à Kinshasa où des gerbes des fleurs seront déposées sur la tombe de l’artiste. Une messe d’action de grâce à l’Eglise Saint Joseph de Kalamu sera également dite.
Les Hommages de partout
Les hommages que Papa Wemba a reçu après sa mort sont également l’expression d’une reconnaissance d’un artiste qui a consacré sa vie à l’art. Papa Wemba avait eu droit à des hommages de toute la nation congolaise. Sa dépouille était exposée au Palais du peuple où autorités politiques, artistes et anonymes lui ont rendu leurs derniers hommages avant son inhumation au cimetière de la Nécropole.
Joseph Kabila, ancien président de la RDC, l’a décoré à titre posthume « Grand officier de l’ordre national ».
Une année après son décès, la Côte d’Ivoire a inauguré à Abidjan la « place Papa Wemba » sur le site du Festival des musiques urbaines, pour rendre hommage à l’icône de la musique congolaise.
Le 24 avril 2017, le ministre ivoirien de la Culture, Maurice Bandaman et son homologue congolais, Maurice Masheke dévoilent une plaque portant l’inscription « place Papa Wemba », fixée sur un mur à quelques mètres de la scène où une année plus tôt, la star de la musique s’était écroulée en plein spectacle.
Papa Wemba : une vie, un parcours d’une légende
Shungu Wembadio Pene Kikumba est né le 14 juin 1949 à Lubefu dans le Centre de la RDC. C’est à peine âgé d’une vingtaine d’années que Papa Wemba avec d’autres jeunes comme lui, qui deviendront également de grands noms de la musique congolaise, forment le groupe Zaiko Langa Langa à Kinshasa, la bouillonnante capitale congolaise.
C’est en 1977 que celui qui va prendre le pseudonyme de Jules Presley fonde son groupe de musique « Viva la Musica ». Plusieurs grands noms de la musique congolaise comme Awilo Longomba, Koffi Olomidé et King Kester Emeneya y sont passés, avant de devenir, à leur tour, des légendes de la musique congolaise.
« Viva la musica » connait très vite un grand succès avec des morceaux comme « Mère Supérieure », « Bokulaka » ou « Ekoti ya nzube ». Au fil des années, Papa Wemba gagne en notoriété et sa musique dépasse les frontières du Congo.
A la fin de la décennie 1980, le natif de Lubefu s’offre une tournée internationale qui va le faire découvrir au monde. Il fait la connaissance du chanteur et producteur britannique Peter Gabriel sous le label de qui il signe. Papa Wemba enregistre des tubes comme « Maria Valencia » ou « Yolele » qui le propulsent sur la scène musicale internationale.
Son talent, la qualité de sa musique et son éclectisme ont fait de lui une icône. Le chanteur avait fait quelques apparitions au cinéma. Il a joué notamment dans « La vie est belle », un film de Ngangura Dieudonné Mweze et Benoît Lamy sorti en 1987, où il a incarné un jeune paysan qui débarque en ville pour faire de la musique et se retrouve à embrasser toutes sortes de professions.
Rufus Lukanga (@LukangaRufus)