Présidentielle Zambie : les électeurs aux urnes après les violences pré-électorales

524

7 millions d’électeurs zambiens sont appelés aux urnes ce jeudi, pour choisir entre leur président sortant Egard Lungu et son rival de toujours Hakainde Hichilema, a l’issue d’une campagne tendue, centrée sur l’économie du premier pays africain à avoir fait défaut sur sa dette.

Signalons qu’il est arrivé au pouvoir depuis 2015, suite au décès de son prédécesseur Michael Sata, le président Edgar Lungu est accusé par la société civile d’avoir manipulé les institutions pour s’accrocher au pouvoir.

En multipliant les actes de répression contre la dissidence, infligeant notamment quatre mois de prison à son opposant actuel, Hakainde Hichilema, qui avait contesté sa victoire à la présidentielle de 2016.

Au cours de la campagne, les figures du parti au pouvoir ont ravivé de vieilles accusations selon lesquelles Hichilema est un « tribaliste » qui ne bénéficie pas d’un large soutien au-delà des membres de son groupe ethnique, les Tonga, et ne peut donc pas être considéré comme un leader national.

Hichilema, qui se décrit comme un « self-made man » a mis en avant ses compétences en tant qu’homme d’affaires et économiste, proposant des remèdes contre les difficultés économiques du pays, qui ont plombé son rival.

Le président Edgar Lungu a, lui, fait campagne sur les investissements dans les infrastructures et sur le contrôle accru des mines de cuivre, principal produit d’exportation du

Un scrutin marqué par des violences préélectorales et le déploiement sans précédent de l’armée.

La raison officielle avancée par les autorités est le maintien de l’ordre. Début août, des violences ont éclaté entre les partisans du PF, le Front patriotique au pouvoir et de l’UPND, le Parti uni du développement national de l’opposition des deux grands partis.

Deux militants du PF ont perdu la vie lors des affrontements. Ces groupes d’autodéfense, armés de machettes et de haches, sont surnommés les « cadres » et font office de « bras armés » des deux grands partis

D’après une électrice, « Ces groupes d’autodéfense intimident parfois les gens dans la rue, les passant à tabac, et parfois ils harcèlent les femmes, ils extorquent les conducteurs, les obligeant à leur verser de l’argent. Si vous refusez, ils vous agressent ou ils brisent les vitres de votre véhicule, c’est la folie ! Parce qu’ils appartiennent à un certain parti politique, ils ont l’impression d’être intouchables et de pouvoir faire ce qu’ils veulent », témoigne l’avocate Béatrice Chola.

« La situation économique est devenue si critique qu’il est très difficile pour les petites et grandes entreprises de se projeter vers l’avenir, explique le militant et chanteur Chama Fumba. Pour leur part, les jeunes sont inquiets parce qu’il n’y a pas de croissance. L’enjeu de ce scrutin, c’est d’oser rêver plus grand qu’un poste d’enseignant ou d’infirmier. »

En dix ans, la Zambie, pays minier qui possédait l’une des économies les plus dynamiques du continent, a vu sa monnaie s’effondrer et sa dette grimper à dix milliards d’euros, dans un pays qui compte à peine 17 millions d’habitants. Un gouffre abyssal. Mais les Zambiens n’attendent pas seulement un leader qui les fasse rêver, ils veulent un président ou une présidente qui redresse rapidement le pays.

Rappelons que, Le scrutin de ce jeudi s’annonce serré entre Lungu et Hichilema, surnommé « HH », ce qui fait craindre de nouvelles violences.

Benedicte Ntoya