Décès samedi à Kinshasa de la chanteuse Tshala Mwana

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La chanteuse Elisabeth Tshala Muana Muidikayi alias « Tshala Mwana » est décédée samedi, au centre de santé « Initiative plus » de Kinshasa suite à une courte maladie à l’âge de 64 ans.

Brève biographie de l’artiste

Née à Elisabethville (Lubumbashi), le 13 mai 1958, elle est originaire du Kasaï Occidental, deuxième d’une famille de dix enfants, elle est la fille d’Amadeus Muidikayi, militaire et d’Alphonsine Bambuwa Tumba. A peine âgée de 6 ans, elle perd son père assassiné à Watsha par les maquisards Mulelistes pendant la guerre du Katanga. Elevée par sa mère qui décède en 2005, elle fait ses premiers pas en musique à l’église du camp militaire Kimbembe à Elisabethville dans un environnement musical traditionnel.

Arrivée à Kinshasa à 18 ans, elle est séduite par les prouesses des danseuses accompagnant les orchestres comme Afrisa et OK Jazz ainsi que des voix féminines telles que Mpongo Love et Abeti Masikini puis participe aux ensembles chorégraphiques de Tabu Ley Rochereau et Franco, deux grands noms de la Rumba congolaise.

Elisabeth Tshala Mwana débute sa carrière à Kinshasa comme danseuse et choriste en 1977, dans le groupe Tcheke-Tcheke Love de son idole féminine Mpongo Love. Elle s’essaie ensuite dans la chanson en travaillant avec Laurent Galans et Rachid Kung en composant ses chansons en Tshiluba.

En 1978, elle rencontre Abeti Masikini après avoir remportée un concours de chant organisé par Gérard Madiata, elle est recrutée comme danseuse et choriste malgré ses premières productions musicales puis intègre le groupe « Minzoto wela wela » avant d’exploser sur le plan musical en carrière solo vers les années 80. Elle a été célèbre pour avoir modernisée et donner ses lettres de noblesses au folklore du peuple Luba, le « Mutuashi » dont l’origine remonte probablement au moyen-âge.

Surnommée « La reine de Mutuashi », elle a parcouru divers pays d’Afrique et du monde dont le Congo, la Centrafrique, le Nigeria, le Togo, le Niger, le Mali, le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin, le Kenya, la France, l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas et tant d’autres.

Discrète sur sa vie privée, la rumeur lui prête plusieurs relations, notamment avec des personnalités politiques. C’est en 1997 de retour au pays après une vingtaine d’année passée à Paris en France que Tshala Muana s’engage en politique, épaulée par le Président Laurent Désiré Kabila. Elle est la fondatrice de l’association dénommée « REFECO » (Regroupement des femmes congolaises).

De 2000 à 2002, elle siège au sein de l’ACLPT (Assemblée Constituante et législatives du parlement de transition) puis devient ensuite présidente de la ligue des femmes du parti politique PPRD, créé en 2002 par le Président honoraire Joseph Kabila où elle occupait une fonction importante.

Candidate en 2011, elle a battu aux législatives dans sa circonscription de la ville de Kananga au Kasaï-Occidental et à partir des années 2000, Mamu nationale assure elle-même sa production musicale puis celle des jeunes talents dès 2008, notamment Mg30, Jos Diena, Sarah Lula Tshanda et Boss Bosombo.

Elle est auteure-compositrice de plusieurs albums tels que « Manda matière » en 1984, « Baninga esi na bali » en 1985, « La divine et Antidote » en 1987, « The best of Thsala Muana » en 1989 , « Yombo » en 1992, « Elako » en 1993, « Tambwe » en 1994, « Muthuashi » en 1996, « Katsha waya » en 1997, « Pika pende » en 1999, « Dinanga » en 2002, « Malu » en 2003, « Tshanza » en 2004, « Mamu nationale volume 2 » en 2006, « Thikuna fou » en 2007, « Enkor et toujours » en 2008, « Sikila » en 2009, « Vundula » en 2013 , « Lunzenze » en 2015 , « Cour des grands » en 2016 et enfin « Don de Dieu » en featuring avec Mbilia belle en 2018.

Plusieurs personnalités artistiques et politiques rendent  hommage à Mamu nationale dont le président provincial de l’Union nationale de la presse congolaise (UNPC/Kinshasa), Jean Marie Kasamba, a annoncé la mort de la reine de Mutuashi en déclarant « J’ai la douleur immense de vous annoncer la disparition de ma sœur, ma star Tshala Muana ce matin à Kinshasa ! Le Congo et l’espace Kasaï ont perdu sa reine ! Que Dieu accueille son âme ».

Rufus Lukanga