La Cenco et l’ECC pour la prolongation de l’enrôlement des électeurs

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A travers leur déclaration à mi-parcours publiée hier jeudi 19 janvier, les observateurs de l’Eglise catholique et de l’Eglise protestante au Congo suggèrent à la Ceni d’étendre la durée de fonctionnement des centres d’inscriptionqui ont connu des perturbations durant les opérations d’identification et d’enregistrement des électeurs.

A quatre jours de la fin officielle de la phase pilote des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs dans la première aire opérationnelle en République démocratique du Congo, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) tirent la sonnette d’alarme. A travers leur Mission d’observation électorale (MOE CENCO – ECC), elles sollicitent la prolongation de la durée de l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs dans les centres d’inscription ayant connu des perturbations dans leur fonctionnement.

Intervenant hier jeudi 19 janvier dans leur déclaration à mi- parcours sur le déroulement de ces opérations qui ont démarré le 24 décembre 2022, les représentants de cette Mission ont reconnu le retard qu’accusent nombre de centres d’inscription dans les 10 provinces de la première aire opérationnelle.

Retard dû notamment  »aux dysfonctionnements, essentiellement d’ordre technique, qui ont entrainé l’interruption de l’opération pendant des heures, des jours voire des semaines », relève la MOE-Cenco -ECC.

« Ces prolongations devraient tenir compte du temps perdu par chaque centre d’inscription », insiste la Mission d’observation électorale dans cette déclaration endossée par Mgr Donatien Nshole de la Cenco et le révérend Eric Nsenga de l’ECC. Cette suggestion faite à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) émane d’une longue liste de recommandations de la MOE au regard des leçons tirées de 1.674 rapports recueillis auprès de ses observateurs, déployés du 27 décembre 2022 au 13 janvier 2023 dans les centres d’inscription, les bureaux des antennes ou secrétariats.

DU MATÉRIEL SOUVENT EN PANNE

De l’avis de ces observateurs,  »des cas de dysfonctionnements de kits d’enrôlement et de perturbation des dites opérations dus aux pannes, aux problèmes de recharge des batteries et aux arrêts intempestifs de la machine dans plusieurs centres d’inscription » sont légion. A la lumière des rapports collectés,  »les données indiquent qu’il y a des centres d’inscription non ouverts et non opérationnels, voire inexistants, bien que répertoriés dans la cartographie de la CENI ».

« Dans d’autres centres d’inscription, les listes journalières des inscrits ne sont pas systématiquement affichées. Ou encore, si elles le sont, elles sont arrachées. En outre, plusieurs électeurs se plaignent de la qualité du service au niveau des centres d’inscription », déplorent les observateurs électoraux de la Cenco et de l’ECC.

 »LE PHÉNOMÈNE TAXI » DANS LES CENTRES D’INSCRIPTION

C’est notamment dans cette optique que s’inscrit  »le phénomène taxi », décrié dans plusieurs sites d’enregistrement des électeurs. Sites où l’on surprend des hommes en uniformes, des agents de la Centrale électorale ou certains intermédiaires qui s’activent à escorter  »des clients » qui leur glissent des billets de banque entre les poignets, les enjoignant à perturber l’ordre établi. Privilège accordé aussi aux  »visiteurs VIP » qui surgissent dans l’enclos des centres d’inscription à bord des jeeps et se voient aussitôt acheminés dans la salle d’enregistrement.

On déplore à cet effet « la mauvaise gestion de la file d’attente ou encore le non-respect du périmètre de sécurité, au point de constater plusieurs pratiques prohibées, telles que l’achat de service, pratique très courante, surtout à Kinshasa », note la MOE CENCO – ECC.

RENFORCER LA PRESENCE DES CONTRÔLEURS TECHNIQUES

Pour pallier cette anomalie, les observateurs des Eglises catholique et protestante interpellent le Gouvernement. Ils demandent particulièrement au ministère de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières de  »se rassurer que les agents de l’ordre affectés dans les centres d’inscription sont bien formés et assurent convenablement la sécurité du personnel et du matériel électoral ». Sécurité dont devraient également bénéficier des requérants, des témoins, des journalistes, des observateurs électoraux et de tout autre partie intervenant dans le processus, souligne la MOE.

La Cenco et l’ECC s’attendent également à voir la Centrale électorale  »renforcer la présence des contrôleurs techniques dans les centres d’inscription, afin qu’ils apportent un appui au personnel de ces centres et assurent, en plus, le ravitaillement en matériels (défectueux) ainsi qu’en consommables en temps réels ».

HALTE AUX DISCOURS DE HAINE !

Sur un autre volet, la déclaration signée par Mgr Donatien Nshole et le révérend Eric Nsenga met le curseur sur la sensibilisation des électeurs. Tâche attendue de la CENI, des partis et regroupements politiques, des acteurs politiques, des organisateurs de la Société civile. Les observateurs tiennent à voir toutes ces parties s’impliquer davantage dans les activités de sensibilisation.

S’adressant aux dirigeants politiques de la RDC, ils fustigent, par conséquent, « tout discours d’incitation à la haine durant le déroulement des opérations électorales, afin de favoriser l’inclusivité du processus en cours.

Benedicte NTOYA & FORUM DES AS