coopération Chine-Russie: xi-Jinping déjà à Moscou

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Le president chinois Xi Jinping vient d’atterrir ce lundi 20 mars en Russie pour une visite d’État de trois jours. Le président chinois très attendu par Vladimir Poutine de plus en plus isolé sur la scène internationale et désormais sous le coup d’un mandat d’arrêt international de la Cour pénale internationale, estiment plusieurs médias européens. De son côté Pékin, qui vient renforcer ses liens bilatéraux avec Moscou, assume aussi de plus en plus son rôle de grande puissance diplomatique… 

Dans un message recent envoyé aux médias Russe, il avait clairement affiché son ambition.

« Ma visite en Russie, écrit Xi Jinping, est un voyage d’amitié, de coopération et de paix », peut-on lire dans le texte publié par l’agence Chine Nouvelle. Il y a le soutien à l’allié Russe, mais aussi une relation très personnelle entre Xi Jinping et Vladimir Poutine.

C’est la quarantième fois que le numéro un chinois rencontre en face à face celui qu’il appelait en 2019 « son meilleur ami », et c’est surtout son premier voyage depuis qu’il a obtenu un troisième mandat lors de la session parlementaire annuelle. Leur dernière rencontre remonte à septembre dernier lors du sommet de l’organisation de coopération de Shanghai.

« J’ai hâte de travailler avec le président Poutine, écrit Xi Jinping, pour adopter conjointement une nouvelle vision. » , ajoute le président chinois.

Une vision commune, mais il y a aussi le contexte de la guerre en Ukraine et les Européens, important pour les exportations chinoises. La Chine qui se présente en médiatrice dans le conflit. Il y a eu cette initiative de paix chinoise en 12 points pour l’Ukraine.

Un plan reçu avec scepticisme du côté des Occidentaux. Car si la Chine affiche sur le papier une position « objective et impartiale » -comme l’assurait Xi Wang Wenbin, l’un des porte-paroles du ministère chinois des Affaires étrangères lors de son point de presse quotidien vendredi dernier- on voit bien que, jusqu’à présent, la neutralité chinoise a été surtout bienveillante pour la Russie. « Il y a eu une escalade globale de la crise ukrainienne, dit encore Xi jinping -donc sans employer le mot « guerre »- et la Chine soutient les efforts visant a régler pacifiquement la crise ».

Le président chinois n’a d’ailleurs toujours pas contacté directement son homologue ukrainien depuis le début de la guerre. Un premier contact pourrait avoir lieu avec ce passage à Moscou, mais pour l’instant rien n’est mentionné à ce sujet dans les rapports officiels.

La Chine est le plus gros acheteur de pétroles russes à prix cassés, contre des devises essentielles pour financer l’effort de guerre de Moscou. La Chine est accusée également par Washington d’avoir fourni un soutien non létal à la Russie, ce que démentent les autorités chinoises.

Les deux dirigeants vont signer « une déclaration commune (…) sur l’approfondissement des relations de partenariat exhaustif et de relation stratégique entrant dans une nouvelle ère », a déclaré le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, cité par les agences de presse russes.

Selon lui, MM. Poutine et Xi signeront en outre un autre document portant sur la coopération économique russo-chinoise à l’horizon 2030, ainsi qu’une dizaine d’autres accords en cours d’élaboration.

Les deux dirigeants vont en outre diffuser lundi un éditorial qui sera publié dans un journal russe et un journal chinois, « un signal important avant les discussions proprement dites », selon M. Ouchakov.

Le conseiller diplomatique du Kremlin a souligné que le conflit en Ukraine serait au menu de leurs entretiens, ajoutant que la Russie « apprécie grandement la position pleine de retenue et d’équilibre des dirigeants chinois sur cette question ».

Selon lui, Pékin « comprend les vraies causes de cette crise » et Moscou accueille de manière positive l’initiative proposée par la Chine pour régler le conflit en Ukraine, sur la base d’un document publié le 24 février dernier.

Poutine et Xi parleront également de coopération dans les domaines « militaro-technique » et de l’énergie, selon M. Ouchakov.

Concernant le programme de la visite de M. Xi, du 20 au 22 mars, M. Ouchakov a indiqué que les deux présidents auraient un premier tête-à-tête lundi avant un dîner. Le porte-parole du Kremlin avait plus tôt évoqué un « déjeuner ».

La visite de M. Xi intervient alors que la Russie a massivement réorienté son économie vers la Chine depuis le début du conflit en Ukraine, qui a provoqué une pluie de sanctions occidentales.

De nombreux analystes estiment que Moscou risque désormais d’être dans une forme de dépendance envers Pékin. Une observation contestée par M. Ouchakov.

« Il n’y a ni leader, ni suiveur dans les relations entre la Russie et la Chine. Les deux parties se font confiance à égalité », a-t-il assuré.

Rufus Lukanga