A quelques heures de la journée internationale de la francophonie, une vague des départs a secoué l’institution. Les relations n’étant déjà plus au beau fixe avec les États membres de l’Alliance des États du Sahel, le Burkina-Faso, le Mali et le Niger ont claqué la porte de l’OIF l’un après l’autre. Le tout pendant que la RDC, une des plus grandes nations francophones, continue de dénoncer l’inertie de la France dans l’agression qu’elle subit de la part de son voisin rwandais.
Grace à une machine diplomatique tant vantée par Kinshasa, une pluie des sanctions perturbe depuis quelques semaines le système rwandais mis en place pour déstabiliser la RDC.
Les USA, le Canada, l’Allemagne, la Belgique ou plus largement l’Union Européenne ont fini par passer à l’action après plusieurs appels au retour à l’ordre.
Des sanctions individuelles, visant des hauts dignitaires du régime Kagame tel que James KABAREBE, mais aussi l’office rwandais des mines, du pétrole et du gaz ainsi que la raffinerie d’or de Gasabo.
Ce qui naturellement a frustré le Rwanda dont le président de la république a récemment multiplié les sorties médiatiques et Kigali qui est allé jusqu’à rompre ses relations diplomatiques avec Bruxelles.
Un divorce qui visiblement n’est pas à l’ordre du jour pour Paris. La France étant restée la plus discrète dans ce tollé général, au point de susciter la curiosité et l’inquiétude, y compris en interne.
Jean-Luc MELENCHON de La France Insoumise, est revenu une nouvelle fois sur l’affaire cette semaine évoquant un chagrin de voir la RDC suivre les pas des États membres de l’alliance du Sahel, à savoir le Burkina-Faso, le Mali et le Niger en quittant l’organisation internationale de la Francophonie à cause de la nonchalance de la France sur ce dossier.
Quand on lit, la violente missive qui a suivi de la part du ministre rwandais de la communication, on peut deviner le pourquoi de ce que MELENCHON appelle politiquement le Errement de la Francophonie sur cette affaire. Kigali continue encore aujourd’hui de faire payer à la France son implication dans le génocide des Tutsis, il y a 31 ans cette année.
Mais est-ce que Kinshasa aura la patience d’attendre que Paris et Kigali finissent de nettoyer son linge sale ? Rien de garantie pour le moment. Il y a quelques semaines le gouvernement congolais, par la ministre déléguée de la coopération internationale et francophonie, a fait part de son refus de participer à la 46ème conférence ministérielle de l’OIF à Kigali. Selon Bestine KAZADI : « Organiser cette conférence au Rwanda constitue une caution tacite de l’agression contre la RDC et une transgression des valeurs portées par la Francophonie. »
L’on se rappellera encore du triste épisode à Paris, où Emmanuel MACRON se serait abstenu expressément d’évoquer l’agression que subit la RDC dans sa partie Est, au moment où il énumérait les conflits armés dans le monde, et ce en présence de Félix TSHISEKEDI, révolté.
Avec plus de 100 millions d’habitants, la RDC est le pays francophone le plus peuplé au monde et est le deuxième plus grand pays après le Canada en termes de superficie. Un pays riche en ressources naturelles qui fait de lui un acteur économique important au sein de cette organisation.
Christopher Otshokum