Dans la nuit de vendredi 7 à samedi 8 juin, entre 2h et 3h du matin (heure locale de Pyongyang), la Corée du Nord a connu une panne d’internet d’envergure, affectant plusieurs de ses sites web majeurs. L’accès a été coupé pendant environ neuf heures, un événement rare dans ce pays connu pour être l’un des plus opaques au monde.

Parmi les sites touchés figuraient notamment le site du ministère des Affaires étrangères, celui de la compagnie aérienne nationale Air Koryo, ainsi que la plateforme de la presse d’État. En l’absence de communication officielle des autorités nord-coréennes, les causes précises de cette interruption restent inconnues.
Cependant, des chercheurs spécialisés, qui surveillent régulièrement l’activité numérique nord-coréenne, ont constaté que des perturbations similaires ont été observées dans les connexions avec la Chine et la Russie, les deux principaux relais de l’infrastructure internet nord-coréenne. Cela suggère qu’un problème interne ou technique serait plus probable qu’une cyberattaque externe, bien que cette hypothèse ne soit pas complètement écartée.
La prudence reste de mise, car la Corée du Nord a déjà été ciblée par le passé. En 2022, par exemple, un hacker américain avait lancé une attaque en représailles à une tentative d’intrusion nord-coréenne. Il avait alors paralysé plusieurs services officiels en ligne, dont le site du journal Rodong Sinmun, organe du Parti des travailleurs.
Un internet réservé à une élite
Il est difficile d’évaluer combien d’utilisateurs ont été réellement affectés par cette coupure. La grande majorité de la population nord-coréenne n’a pas accès à l’internet mondial. Elle utilise plutôt un réseau interne, souvent qualifié d’intranet, qui propose quelques services numériques limités (messagerie, sites d’information locaux), sans aucun lien avec l’extérieur.
Seule une infime partie de la population – moins de 1 %, selon les estimations – dispose d’une connexion restreinte à l’internet international. Ce privilège est généralement réservé à des profils très spécifiques : hauts fonctionnaires, diplomates, chercheurs, techniciens gouvernementaux ou touristes étrangers.
À Pyongyang, l’accès au Wi-Fi est notamment possible via un réseau sécurisé appelé Mirae. Pour s’y connecter, il faut un mot de passe, une carte SIM autorisée et surtout un appareil préalablement enregistré. D’après le site spécialisé 38North, le pays ne disposerait que d’environ un millier d’adresses IP pour ses 25 millions d’habitants.