Kinshasa, le 24 septembre 2025, c’est dans l’atmosphère feutrée de la Clé des Châteaux, en plein cœur de Kinshasa, que s’est tenue la conférence de presse de présentation de la quatrième édition du Festival Pianos de Kinshasa, un rendez-vous qui s’annonce d’ores et déjà décisif dans l’histoire de cette manifestation singulière.
Fondé en 2021 par le Studio 1960 ASBL, le Festival s’est rapidement imposé comme un espace inédit dédié au piano, dans toutes ses formes, sur le continent africain.
À la croisée des esthétiques classiques, contemporaines, expérimentales et populaires, le festival a su tisser une identité forte en conjuguant exigence artistique, engagement social et ancrage territorial.

Une édition pivot : de festival à Biennale
Cette édition 2025, programmée du 27 septembre au 9 octobre dans plusieurs lieux emblématiques de la capitale congolaise, marque un tournant stratégique majeur : le Festival Pianos de Kinshasa devient officiellement une Biennale de musique contemporaine.
Un changement d’envergure porté par une réflexion approfondie sur le rôle de l’art dans la cité et sur les spécificités du contexte urbain kinois.
« Il ne s’agit pas seulement d’un changement de rythme ou de format », a précisé l’équipe organisatrice lors de la conférence de presse. « C’est une transformation conceptuelle : il s’agit de penser la musique comme une énergie autonome, un geste esthétique et politique, capable d’ouvrir des brèches dans l’espace public et de stimuler des formes alternatives de vivre-ensemble. »
Depuis ses débuts, le Festival Pianos de Kinshasa s’est imposé comme un espace d’expérimentation artistique et citoyenne, en inscrivant le piano instrument historiquement associé à la tradition occidentale au cœur du tumulte, de la densité et de la vitalité de Kinshasa.
Placés dans les rues, sur les places publiques ou dans des lieux inattendus, les pianos deviennent des catalyseurs de dialogue entre artistes, artisan·es, chercheur·es, activistes et habitant·es.Cette stratégie de décentrement des pratiques artistiques internationales et de leur ancrage local s’est révélée fertile.
Le festival est aujourd’hui salué pour sa capacité à créer des ponts entre création contemporaine et réalité sociale, entre recherche esthétique et engagement politique.
La quatrième édition, placée sous le thème “Artistic Self-Energy”, se veut une exploration des dynamiques internes à la création.
Comment les artistes, au sein de contextes marqués par la précarité, l’instabilité ou l’invisibilisation, parviennent-ils à générer leur propre énergie de création, à inventer leurs propres cadres d’expression ? Cette question traversera les concerts, les installations, les résidences, les performances et les tables rondes prévues tout au long des deux semaines du festival.
Cette thématique, selon les organisateurs, reflète une volonté d’intensifier les conditions d’émergence artistique, tout en inscrivant les gestes créatifs dans les tensions et les potentialités de l’espace urbain congolais.
Il s’agit d’« habiter autrement la durée », de permettre à l’art de s’inscrire pleinement dans le temps long de la transformation sociale. Une vitrine pour les artistes africains et un pôle d’attraction international.
Le Festival Pianos de Kinshasa demeure également un tremplin de choix pour les jeunes pianistes congolais et africains, tout en attirant des figures de renommée internationale, venues partager leur expertise, mais aussi se nourrir du contexte singulier de Kinshasa.Cette hybridation des influences, cette circulation horizontale des savoirs et des pratiques artistiques, confère à la manifestation une portée à la fois locale et globale.
À l’heure où de nombreuses capitales culturelles cherchent à redéfinir leur rôle face aux défis sociaux et climatiques,Kinshasa propose, à travers ce festival devenu biennale, un modèle de résistance poétique et d’innovation culturelle.