
En RDC, cette mesure est prise pour 90 jours et concerne tous les médias publics ou privés, les plateformes numériques ou les réseaux sociaux, sous peine de sanctions. « Ce qui est interdit pour l’instant, c’est d’abord d’accorder la parole aux cadres du PPRD parce qu’il y a une décision du gouvernement qui interdit formellement les activités du parti, indique Christian Bosembe, président du Conseil supérieur de la communication et des médias. Lorsque vous recevez un cadre du PPRD pour parler d’autre chose que des activités de leur parti politique, vous n’avez pas de problème ».
En revanche, « si le cadre du PPRD vient parler de leur parti politique, vient parler de cette instruction qui est en cours, vient de parler de leur autorité morale dans le sens de le défier ou de faire l’apologie de ce que leur autorité morale est en train de faire à l’est de la RDC, là, le média s’expose. La nuance est ici. Personne n’a été interdit de parler à la télé. Nous n’avons muselé personne. Nous avons seulement dit, puisqu’il y a une décision du gouvernement qui sanctionne sinon suspend les activités d’un parti politique, qu’il était logique de le faire suivre dans le média », continue Christian Bosembe.
RSF fait part de son inquiétude
Des membres du PPRD dénoncent une censure. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) fait part, elle aussi, de son inquiétude d’autant que ce n’est pas la première atteinte à la liberté d’informer en RDC. « Nous estimons fondamentalement que c’est une décision qui enfreint les standards en matière d’équilibre de l’information. Nous sommes également préoccupés par cette tendance du CSAC en RDC à interdire de manière assez discrétionnaire. On a vu par exemple que depuis avril 2024, rapidement que le CSAC avait commencé à interdire aux médias de diffuser des informations en rapport avec la situation à l’est sans se référer aux sources officielles ».
Ce dernier précise que cela a continué jusqu’en 2025. « En janvier, le Conseil avait menacé de suspension des médias internationaux. Ce n’est pas son rôle d’interdire de manière tous azimuts sans même développer un peu les concertations nécessaires. Nous voyons le développement d’une censure. Cette censure-là est administrative. Le Conseil peut avoir le droit de fermer ou suspendre des médias. Tant que c’est fait de manière très disproportionnée, cela pose un problème du point de vue de l’approche », explique Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique de Reporters sans frontières.
D’autres membres de la société civile contestent également la décision, dont l’ONG Asadho. Selon son président Jean-Claude Katende, il s’agit d’une « décision arbitraire », qui est « un règlement de comptes contre un camp politique », a-t-il dénoncé.